Retrouver la singularité humaine à l’heure de l’intelligence artificielle.

Introduction

Dans nos sociétés, entretenant au travers de notre système économique, le postulat d’une vision pessimiste de la nature humaine , nous sommes tous encouragés à prélever, produire et vendre toujours plus ; avec pour seules limites, celles de lois de plus en plus complexes, et toujours imparfaites .

Ainsi pour nous forcer à acheter toujours plus, tout devient produit (même nos opinions ), et nous sommes submergés de communications cherchant à se faire passer pour de l’information. Cette confusion, autrefois cantonnée à la publicité, s’est développée avec le marketing débridé inhérent à notre société de surconsommation , lui même indissociable de notre système économique et monétaire, basé sur une croissance infinie .

La résistance à la pollution informationnelle perdait déjà du terrain, lorsque, le 30 Novembre 2022, OpenAI lança ChatGPT son agent conversationnel qui alla marquer les esprits, en générant, à des millions d’utilisateurs, plus de textes que ne pourrait produire une armée d’un million de lycéens.

Très vite l’outil fut utilisé pour produire en quelques minutes des rédactions de plusieurs pages, lesquelles étaient copiées-collées dans des emails, des devoirs d’étudiants, ou des contenus pour nourrir des sites web.

Si une certaine pertinence peut être au rendez-vous, GPT, Midjourney et autres intelligences artificielles semblent pouvoir marquer la fin de l’ensemble des originalités et singularités humaines, remplacées par une poignée de “cerveaux” numériques, froids et uniformes, reflétant seulement quelques parties, bridées pour heurter le moins de sensibilités, de l’intelligence collective désignée par celle des ingénieurs créateurs.

Demain nous serons peut-être plus nombreux à pouvoir éduquer nos propres intelligences numériques ; petits bouts d’éternité ; au même titre que nos enfants biologiques.

Mais aujourd’hui comme demain ce (vieux) problème devient un enjeu crucial :

D’où vient l’information qui nous parvient ?

Pour toutes nos données numérisées, la solution existe pourtant depuis longtemps : les signatures numériques .

Hélas ces dernières sont encore très peu utilisées. Et quand elles le sont, c’est souvent au travers de solutions inutiles car fermées ou au travers de PKI dangereuses car centralisées.

En effet, il ne suffit pas qu’une donnée soit signée, pour que l’on puisse être sûr que la personne qui l’a signée est bien celle qu’elle prétend être.

Je pourrais par exemple signer un document “Emmanuel Macron”, si vous n’avez pas récupéré la clé publique permettant de vérifier la signature numérique par un canal sûr (par exemple en main propre), alors vous ne savez absolument pas de quel Emmanuel Macron il s’agit, ni même si il s’agit bien d’un certain “Emmanuel Macron”.

Comme vous avez peu de chance de connaître cet “Emmanuel Macron” (et encore moins de recevoir sa clé publique en main propre), “Emmanuel Macron” va produire un certificat , lequel contiendra sa clé publique, et sera signé par une autorité de certification .

Sauf que si vous ne savez rien de cette autorité de certification, vous ne pouvez encore une fois pas être sûr qu’elle est bien qui elle prétend être, et encore moins qu’elle ne signe pas n’importe quoi n’importe comment.

C’est toute la faille des PKI centralisées, sur lesquelles reposent aussi bien nos documents d’identités, que l’ensemble des sites web dits “sécurisés”…

Faille que n’ont pas les toiles de confiance OpenPGP .

Réputation

Grâce à la la signature numérique , et aux toiles de confiance OpenPGP , nous pouvons être sûrs qu’une donnée a bien été endossée par une personne bien identifiée.

Mais cela ne nous dit pas si la donnée a bien été produite par ladite personne.

Pour compléter le tableau et enfin lutter efficacement contre la pollution informationnelle :

• 1 - Toute donnée devrait être accompagnée d’un contexte (résumé de son histoire).
• 2 - Donnée et contexte doivent être signés par une personne bien identifiée.
• 3 - Chaque personne doit pouvoir être libre d’associer et de partager des réputations à chaque personne.
• 4 - Chaque personne doit être libre d’accorder plus ou moins de crédits aux réputations partagées par autrui.

Notons que la première règle est déjà appliquée par les nombreuses personnes qui savent utiliser des logiciels de gestion de versions , tel que Git ou Mercurial .

La deuxième règle est aussi appliquée lorsque les publications sont signées par une personne reconnue dans une toile de confiance OpenPGP.

L’article que vous lisez est lui-même une donnée qui respecte ces deux premières règles. En effet le texte brut de cette page web est stocké dans un dépôt git, lui même rempli uniquement par des publications itératives (concept repris par la “blockchain”… ).

Vous pouvez consulter son contexte historique en dupliquant ce dépôt sur votre ordinateur, ou bien en utilisant un service web comme codeberg .

Vous pouvez enfin commencer à appliquer la troisième règle en me prêtant une excellente réputation pour traiter ce genre de sujet. Cependant il n’existe pas encore de solution aboutie, notamment décentralisée, vous permettant de partager cette recommandation à tous les individus du monde 😋.

Conclusion

Pour ne pas perdre notre singularité humaine, deux voies se dégagent :

• Refuser le progrès. C’est-à-dire interdire , au travers de lois toujours plus complexes et imparfaites .
• Poursuivre les travaux de Philip Zimmermann ou Linus Torvalds pour pouvoir appliquer l’ensemble des quatre règles énoncées plus haut.

Tandis que certains semblent s’efforcer dans la première voie, d’autres essayent de construire un futur durable…

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